Soumis par Jean-Noël BLOCHER le

La géographie enseignée – Identité et expériences géographiques

Mots clés : construction du concept d’espace, représentations spatiales, altérité, curiosité.

Pour comprendre les rapports spécifiques qu’entretiennent les enfants de 3 à 10 ans avec l’espace, des travaux devenus incontournables, plus ou moins récents, servent souvent de référence (PIAGET / INHELDER / FREMONT / LURCAT / BROUSSEAU / BRISSIAUD…). Ce lien à l’espace évolue au cours du développement intellectuel de l’enfant grâce à la verbalisation et selon des stades aujourd’hui identifiés (fonction de l’âge, de la culture notamment). Ces composantes globales, relatives et évolutives, donnent naissance à une diversité d’espaces entremêlés mais distinctifs : espaces vécus, perçus, représentés, conçus, projectifs… et à des rapports à la distance singuliers : rapport de proximité, de séparation, d’éloignement, de succession, d’ordre, de continuité/discontinuité…. Dans cette progression qui se traduit en même temps par le décentrage de l’enfant par rapport à son espace environnant et par une capacité croissante à l’abstraction, on identifie un seuil important où l’enfant devient capable de passer « de l’espace vécu à l’espace perçu, du local au lointain, du connu à l’inconnu, du particulier au général, du concret à l’abstrait ». Cette distanciation du rapport de l’enfant à son espace offre l’opportunité pour l’enseignant de poser avec les élèves les bases d’un raisonnement géographique car « connaître l’espace et agir sur lui, c’est d’abord et avant tout construire une image de cet espace, en élaborer toute une série de représentations qui permettent de mieux le décrire ou de l’interpréter ». Au regard des apports des sciences cognitives portant sur le développement de l’enfant, l’enseignement de la géographie se doit d’accompagner et de stimuler les capacités grandissantes des élèves à apprécier de manière distanciée (c’est-à-dire par le biais de représentations diverses et variées) des espaces de moins en moins familiers. L’intérêt pour l’élève sera de construire progressivement ses repères et de passer de son espace « personnel » à un espace social dans lequel il évolue et sera acteur, de passer de son espace vécu et perçu à un espace social, objectif et objectivé, sans pour autant perdre de ses représentations. On a ainsi pu mettre en évidence l’importance de ces dernières dans la construction des savoirs géographiques. Les lieux chargés en « émotions » et en sentiments modèlent chez les élèves des images souvent figées et intangibles. Charge alors aux enseignants en géographie d’affiner, de confirmer ou de déconstruire ces représentations afin d’accéder à une lecture éclairée, raisonnée et raisonnable des territoires et des rapports aux lieux. Comprendre tous ces mécanismes en jeu dans la construction de l’espace et des représentations de l’espace constitue l’enjeu majeur de cet axe de recherche. Dans le
prolongement de la construction sociale de l’individu, ce champ de recherche ouvre une réflexion sur l’importance des représentations dans les actes, les pratiques et les décisions de tout en chacun, modelant alors progressivement son identité et ses expériences géographiques à la fois individuelles et collectives.


La géographie et l’interdisciplinarité : croiser des regards sur un objet d’étude commun.
Donner plus de sens aux apprentissages en croisant les regards de plusieurs disciplines. Parmi les axes de recherche, on retiendra la géographie et : 
• Les mathématiques : la réflexion est menée autour du concept de distance (les sens de la distance pour la géographie et pour les mathématiques)
• Les SVT : le concept de durabilité est mobilisé dans le cadre de la gestion et de l’aménagement des milieux autour de la question des ressources et plus généralement de l’environnement et des modes d’habiter.
• L’EPS : la relation à l’espace se fait au travers des déplacements et des capacités à se repérer et à cohabiter
• La littérature : ici il est question d’une géographie dite « de l’émotion », des sens, de l’imaginaire et des représentations.